RELATION SUICIDE ET TRAVAIL - IMPACT ET PRÉVENTION

En baisse depuis 20 ans, le nombre de suicides en France reste important avec près de 10 000 décès et 200 000 tentatives de suicide en 2020, soit près de 28 décès par jour2.
Le taux français est l’un des plus élevés d’Europe avec 13,4 suicides pour 100 000 habitants, pour une moyenne européenne de 10,2 pour 100 000 habitants 1 .

LE TRAVAIL, QUELLE PART DE RESPONSABILITE ? 

Le lien de causalité direct avec le travail reste difficile à évaluer. Dénombrer les suicides liés au travail ou au chômage est un exercice délicat. Le suicide est un phénomène complexe et multifactoriel, qu’il est difficile de rapporter à une cause unique.  Pourtant, ce geste ne peut pas être réduit à une seule fragilité individuelle, omettant l’impact des conditions de travail ou le vécu du chômage.

Selon une étude menée par Santé Publique France en 2021, 10 % des suicides seraient en lien potentiel avec le travail, touchant majoritairement les hommes (72 %). 2

EN ENTREPRISE

Le suicide au travail est un évènement complexe et tragique.
Autrefois tabou, il tient aujourd’hui une place importante dans les débats publics en raison des conséquences majeures pour les victimes, mais aussi pour les proches, les collègues et l’entreprise, elle-même.

Quels facteurs de risques en entreprise ? 3

La présence et la fréquence de contraintes de travail trop importantes pour le salarié peuvent être source de dépression et/ou à l’origine d’idées suicidaires ou d’un passage à l’acte.  

Les contraintes ou risques identifiés dans les études sont nombreux. Mais ils ont tous un point commun, des conséquences néfastes sur la santé mentale des salariés.
On observe notamment la présence de : 

  • forte exigence psychologique,
  • harcèlement physique ou psychique,
  • violences externes ou internes,
  • manque d’autonomie ou de marge de manœuvre,
  • situation de travail insécure,
  • manque de sens ou des conflits de valeurs.

Quelle prévention ? 3

Ces risques appartiennent à la catégorie des risques psychosociaux désignant l’ensemble des risques pour la santé mentale, physique, et sociale des travailleurs, causés par les conditions et l’organisation du travail.
Prévenir le risque de suicide en entreprise nécessite donc d’agir sur les risques psychosociaux qui y sont présents.

Il existe 6 catégories de risques psychosociaux (RPS) : 

  • L’intensité et le temps de travail : surcharge, horaires décalés…
  • L’exigence émotionnelle : tensions avec le public, exigence du devoir, émotions masquées ..
  • Manque d’autonomie : marge de manœuvre restreinte, rythme imposé
  • Rapports sociaux dégradés au travail : conflits, manque de reconnaissance…
  • Conflits de valeurs : faible fierté du travail, difficultés à l’exercer…
  • Insécurité de la situation de travail : peur de la perte d’emploi, précarité…

Agir sur les RPS au sein de son entreprise

La première étape est d’identifier les risques psychosociaux (RPS) présents dans l’entreprise. Rappelons que les RPS doivent être intégrés au DUERP, mis à jour chaque année par l‘entreprise. 
Une fois l’identification et l’évaluation des risques effectuées, les méthodes et actions de prévention peuvent variées en fonction de la taille et des ressources de l’entreprise. 
Les actions collectives centrées sur l’organisation et les conditions de travail effectives sont à privilégier.

Quelques pistes de prévention :

 

Nos équipes sont à votre disposition pour vous accompagner dans votre démarche de prévention des RPS, de l’identification à la mise en place du plan d’actions.

  • Favoriser la santé mentale au travail : éviter ou minimiser les situations de stress, proposer un soutien psychologique si besoin, et inciter une culture d’entreprise portant le soutien et la valorisation du travail des salariés
  • Former les managers :
    les responsables hiérarchiques doivent être formés pour détecter les signes de détresse psychologique et savoir comment réagir. L’écoute et l’accompagnement sont essentiels. Voir les fiches RPS -MANAGERS
  • Lutter contre le harcèlement :
    définir et communiquer une politique anti-harcèlement dans l‘entreprise et s’assurer de la sécurité des victimes (sans crainte de représailles).
  • Repenser une organisation du travail :
    la flexibilité dans l’organisation du travail, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et la reconnaissance du travail bien fait sont des éléments clés pour améliorer le bien-être des employés.

En savoir + sur la prévention des RPS : https://www.inrs.fr/risques/psychosociaux/prevention.html


QUELLE CONDUITE EN CAS DE SUICIDE OU TENTATIVE SUR LE LIEU DE TRAVAIL 3 ? 

Un suicide ou tentative sur le lieu de travail ou à l’extérieur, est un événement grave, une situation d’urgence à laquelle l’entreprise doit réagir rapidement. Cet événement représente un choc d’une extrême violence, traumatisant pour les collaborateurs surtout si celui-ci est pensé en lien avec le travail.

Si l’acte suicidaire s’est produit sur le lieu du travail, la première chose à faire est d’appeler les secours spécialisés (15 ou 112) et de protéger les personnes confrontées à la scène. L’union nationale pour la prévention du suicide a rédigé un guide expliquant les différentes étapes à suivre : https://www.unps.fr/unps_images/documentation/guide-suicide2023-web-
pages.pdf

Suite à cet événement, qu’il est eu lieu ou non dans l’entreprise, deux actions sont importantes :
1. Communiquer de manière claire et honnête à l’ensemble des salariés sur l’évènement sans écarter, s’il existe, un lien éventuel avec le travail et rassurer en précisant sa prise en compte.
2. Une prise en charge psychologique des collaborateurs est également nécessaire en séances individuelles ou collectives, selon le souhait de chacun, pour aider à évacuer le traumatisme.

Nos équipes médicales et notre psychologue du travail, vous accompagnent dans la prise en charge de vos collaborateurs, ils pourront vous orienter si besoin vers des spécialistes et vous conseiller sur les actions à mener au sein de votre entreprise.